Cette accession sans précédent d'un candidat islamiste au poste de maire heurte les milieux laïques, mais Erdogan … Il me semble qu'a ce stade, la candidature de la Turquie, membre de la communauté européenne, semble loin de se concrétiser... on s’attend d’un tel État qu’il partage les valeurs de liberté, de démocratie, de laïcité et de respect des minorités des États modernes, n’est-il pas? La laïcité est donnée comme l’un des piliers de son projet modernisateur. Deuxièmement, on doit se rappeler l’origine de la guerre en Syrie; le refus en 2010 de Bachar el-Assad d’autoriser le passage d’un gazoduc qatari. L’itinéraire pragmatique de l’AKP l’amène donc à renouer avec la "synthèse turco-islamique" (Türk-Islam sentezi), doctrine professée au début des années 1970 par certains nationalistes turcs pour contrer la gauche révolutionnaire. Le coup d’État de juillet 2016 a joué un rôle d’accélérateur, même s’il reste bien des zones d’ombre. « En réalité, Erdogan est plus ottomaniste qu’islamiste au sens de proche des Frères musulmans », estime-t-il. D’abord, la carte Frères musulmans a échoué : en Tunisie (et dans le reste du Maghreb), ils se sont fondus dans le paysage national et n’ont pas besoin de parrain turc. Bref, Ankara abandonne les sunnites arabes et, en particulier, les Frères musulmans. Les empires ne meurent pas comme ça. La mobilisation est matée par la force. L’Empire ottoman, qui a parachevé au XVe siècle sa conquête de l’Anatolie, domine alors de vastes populations non musulmanes. Nombre d’intellectuels de centre-gauche rallient alors le nouveau parti, séduits par l’ouverture sociale qui se dessine et l’intention affichée de lutter contre le pouvoir occulte de l’armée. Mais cela n’échappent pas aux partisans d’Erdoğan (qui généralement lui répondent en criant ‘Dieu est grand’). D’où une raison supplémentaire de travailler à la paix. Il semble utilisé les mêmes méthodes que Hitler , faire disparaître les opposants. Enfin, un des paradoxes de la réaction brutale qui a suivi le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 est que le gouvernement turc a organisé lui-même le démantèlement des réseaux Gülen à l’étranger, écoles, associations, mosquées, mais aussi PME, qui assuraient de fait une influence culturelle et économique turque qui ne coûtait rien à l’État, et qui souvent n’étaient que lointainement associés à la confrérie. Cet espace était ici celui de l’ancien Empire ottoman, et cette quête d’influence impliquait mécaniquement le retour de l’ancienne rivalité avec l’Iran, en Azerbaïdjan et en Arménie en particulier, ainsi que des tensions avec la Russie, qui voyait d’un mauvais oeil Ankara empiéter sur l’espace post-soviétique. La création de la République semble alors acter la marginalisation politique de l’islam en Turquie. Au moment des printemps arabes (2011), la Turquie est proposée comme "modèle" de démocratie musulmane pour guider des transitions politiques fragiles, en Égypte ou en Tunisie. 3 articles gratuits Le parti n’aurait dans un premier temps sacrifié à la laïcité et aux règles démocratiques et clamé son attachement au projet européen que pour tromper les progressistes et asseoir sa domination. Cette longévité s’explique par l’organisation efficace du parti au pouvoir, l’AKP, et par sa capacité d’adaptation aux circonstances. Connectez-vous ou créez un compte pour commenter. Atatürk se méfie de l’institution du califat et de la puissance des confréries qu’il dissout en quelques années. La dimension religieuse est en effet très présente dans la politique du leader d'Erdogan. En Turquie, le référendum sur la Constitution de ce dimanche 16 avril convoque les électeurs pour élargir ou non les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdoğan. Sous la direction d’Ahmet Davutoglu — ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2014 —, la diplomatie turque s’était déployée tous azimuts vers le Caucase, les Balkans et les pays arabes, dans l’idée de créer un espace d’influence avec « zéro ennemi » (d’où les tentatives de rapprochement avec l’Arménie, voire avec la Serbie, et les relations étroites avec le Kurdistan irakien). R.T. Erdogan fait voter dans la foulée une réforme constitutionnelle qui présidentialise le régime à l’extrême et fait de lui le maître absolu de la Turquie. Dans un premier temps, l’AKP accepte, comme dans un retour du système ottoman, l’affirmation des identités ethniques et religieuses, octroie des droits culturels aux Kurdes et lâche même du lest dans le débat sur la reconnaissance du génocide arménien. Aujourd’hui fragilisé, R. T. Erdogan renoue avec le nationalisme pour freiner l’érosion de son électorat. Son conservatisme religieux s’accommode d’une doctrine économique libérale. La Turquie passe d’une « politique de voisinage » à une grande stratégie moyen-orientale, et surtout arabe. R. T. Erdogan, qui compte sur un électorat fidèle d’au moins un tiers de la population, continue néanmoins de les gagner. 11 minutes. La société turque ne se détache de la religion qu’en surface. Le problème est que l’alliance soudaine avec l’Iran et la Russie contredit à la fois la référence ottomane et la référence islamiste. On peut enfin tout simplement attribuer le revirement brutal à un cynisme stratégique, où l’on revient à une bonne vieille realpolitik. Le tableau ne serait pas complet sans l’extension politique du Cojep, le PEJ (Parti Égalité Justice), créé en 2015 et qui a même présenté des candidats (souvent issus du Cojep) aux législatives de 2017. La reprise d’attentats contre l’appareil d’État turc ne peut que nourrir l’escalade en Turquie. Cette doctrine familière permet à R. T. Erdogan de rassurer la majorité de l’électorat turc, tout en excluant de larges minorités – kurdes, alévis, militants laïcs – de la négociation politique. ÉDITORIAL. On a pu alors parler de « néo-ottomanisme », voire d’une politique « islamiste » menée par un président qui se rêverait en nouveau sultan. Délinquance : baisse globale en 2020 sauf pour les violences... Open data des décisions de justice : un calendrier prévu jusqu'en 2025, La conférence sur l'avenir de l'Europe inaugurée le 9 mai 2021. Dans un contexte extérieur difficile, le président Recep Tayyip Erdogan devrait jouer l’apaisement intérieur. Le sérum «était généralement bien toléré, sans inquiétude sérieuse sur sa sécurité identifiée à ce jour». Un premier grand épisode de contestation se cristallise au printemps 2013 autour de l’affaire du parc Gezi – un espace vert menacé de destruction par un projet immobilier au cœur d’Istanbul. Dans cet écosystème, le clivage traditionnel gauche-droite est inopérant. Editorial. L’AKP a profondément rénové le cadre institutionnel, libéré l’économie turque et permis l’expression des différences identitaires. La "synthèse turco-islamique" fusionne ainsi, dans une idéologie hybride, les deux ressources principales du marché politique turc : l’islamisme et le nationalisme. Les partis d’opposition, plus particulièrement les partis pro-kurdes, sont stigmatisés ou interdits. Le programme du président Erdogan ne se résume toutefois pas à la réislamisation de la Turquie. Mais il a refusé toute reconnaissance aux alévis (minorité religieuse proche des musulmans, donc obligatoirement sunnites). Des voix d’opposition ont cependant très vite dénoncé l’existence d’un supposé agenda caché des" AKPistes". Le charismatique ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu (entre 2009 et 2014), théoricien d’une vision islamiste des relations internationales, parvient en quelques années à faire de son pays une puissance moyenne hyperactive sur la scène internationale. Le groupe armé État islamique (EI) a revendiqué lundi l’attentat meurtrier du Nouvel An dans une discothèque d’Istanbul,... Les relations entre Moscou et Washington sont au plus bas depuis longtemps. La réussite diplomatique de la nouvelle Turquie est aussi spectaculaire. Il y a deux semaines, M. Erdogan avait dénoncé comme une provocation les déclarations du président français sur le « séparatisme islamiste » et la nécessité de « structurer l’islam » en France. Issu de l’islam politique, Recep Tayyip Erdoğan s’est considérablement éloigné de l’idéologie des Frères musulmans dès son arrivée au pouvoir et a entrepris des réformes qui ont fait de la Turquie un « pays modèle » où islam et démocratie semblaient parfaitement coexister. La dérive autoritaire de Recep Tayyip Erdogan est rapide. Soutenu par la classe des petits entrepreneurs anatoliens, R. T. Erdogan leur a ouvert les portes du pouvoir. La variété des types d’islam fréquentés (traditions arabe et persane), leur pénétration inégale et graduelle dans les systèmes de croyance antérieurs (animisme, chamanisme), expliquent certaine particularités de l’islam turc : forte présence des syncrétismes (l’alévisme, qui concerne entre 10 et 15% de la population, en est une forme), socialisation confrérique active, implication des communautés religieuses dans la vie politique. L’homme qui a assassiné l’ambassadeur russe à Ankara le lundi 19 décembre, quelle que soit son éventuelle affiliation politique, a fait éclater au grand jour la profonde contradiction de la politique étrangère d’Erdogan. Mais la puissance unificatrice de l’islam n’est finalement utilisée qu’au XIXe siècle par les derniers sultans pour tenter de raccommoder un empire qui se disloque sous la poussée des nationalismes. Au même moment, la victoire des islamistes aux élections tunisiennes et égyptiennes a permis à l’AKP de se présenter comme le « grand frère » des Frères musulmans de tout poil, qui ont, ici et là, baptisé leurs nouveaux partis avec les termes « justice » et « développement ».
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